vendredi 27 novembre 2009

Enregistrement de Laura Martin le 20 Janvier 2011

«C'était le matin vers 11 heures. J'ai entendu comme des explosions de feux d'artifice au loin,rien de très impressionnant,de chez nous ça ressemblait au son que font de gros pétards.
Mon mari travaillait à la centrale,nous avions déménagé six mois avant que ça n'arrive justement parce qu'il avait trouvé ce travail.
Après le repas,vers 13h30,j'ai donc ramené les enfants à l'école et ce n'est que sur le chemin du retour que j'ai aperçu de la fumée au loin, du côté de la centrale. Par la suite j'ai su que cette fumée dégageait de la poussière radioactive qui se déposait partout. Aussi,deux hélicoptères sont passés dans le ciel. Je ne voulais pas penser au fait qu'il avait pu se passer quelque chose. Je me disais de toute façon que Sylvain,mon mari, m'aurait appelé pour me dire.
Ce n'est que dans la soirée qu'une alerte a été donné,pendant que j'allais récupérer les enfants. Les policiers portaient des masques et demandaient au gens de rentrer chez eux .Je crois que c'est à ce moment là que j'ai vraiment réalisé. Sur le coup,j'ai surtout couru à l'école. J'essayais de joindre mon mari aussi mais c'était impossible.(...)»


«(...)Nous sommes restés toute la nuit à la maison tandis que je voyais les voisins faire leurs bagages et partir. Je n'avais toujours pas de nouvelles de mon mari et la télévision ne nous donnait pas plus d'informations que nous en avions sur place,le flou total jusqu'au matin où des hommes en combinaison sont venus nous chercher pour partir en car. Ils nous ont donné des pilules d'iodes et nous ont donné deux heures pour préparer nos affaires. Myriam et Pierre pleuraient,ils ne comprenaient pas très bien ce qu'il se passait. Nous avons absolument tout laissé là-bas et évidemment nous ne pourrons jamais y retourner. Dans le car,beaucoup de gens étaient malades,le voyage était très difficile. Après six heures de route,nous sommes arrivés à l'hôpital de Lyon où les médecins en combinaisons eux aussi nous ont fait nous déshabiller et prendre des douches en nous frottant avec des gants de crin. Ils nous ont coupé les cheveux et fait faire tout un tas d'examens. Nous étions tous épuisés comme si nous avions pris cinquante ans d'un coup,les enfants arrivaient à peine à se lever de leurs lits. Myriam faisait des sortes de réactions allergiques,sa peau était lézardée sur certaines parties de son corps.Ce n'est que trois jours plus tard que j'ai appris que Sylvain était mort pendant l'accident.(...)»

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